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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/195

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n’oublie pas le costume de la seconde entrée, parce qu’il vient de lire que l’acteur entre en « catimini ».

C’est lui encore qui cite dans ses bons jours ce proverbe arabe ou chinois affirmant qu’un poil de femme tire plus que neuf bœufs au labour — et qu’il paraphrase en déclarant qu’on trouve toujours, quand on sait s’y prendre, 50 000 francs dans le corsage d’une jeune et jolie fille.

Zola l’a bien connu. Dans Zaza, il l’avait baptisé Bordenave. Bordenave, à ceux qui lui parlaient de son théâtre, répondait déjà avec une joviale familiarité : « Dites mon bordel ».

Directeur aussi de station balnéaire ou de jeux de roulette, traitant ou sous-traitant, il a quelque part sur la côte basque, à Biarritz ou à Saint-Jean-de-Luz, des maisons, des combinaisons, des affaires. Trafiquant par surcroît du génie ou du talent, le théâtre est pour lui une affaire de pourcentages.

On n’en finirait plus de parler de lui.

Tant d’ignorance, de calamités, de soucis et de misères, tant de basses nécessités, tant de délabrement, de contraintes et d’obligations, tant de fonctions désobligeantes ne le rendent cependant pas méprisable : tel est notre métier. L’habitude de vivre dans les passions expose à en subir l’attirance ou la pente. Occupations pernicieuses ! comme disait excellemment, au Moyen Âge, Jean de Salisbury, évêque de Chartres. Par le commerce du déshabillé de l’opérette, l’industrie du lit du vaudeville, cet homme fait du théâtre un lieu bas ou un