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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/197

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teur, et c’est ici la véritable autorité du théâtre qui prend légitimement rang suprême : celle de l’auteur ou du dramaturge, celle du poète ; soit par une sorte de délégation du public, c’est-à-dire de l’État, qui fait de cet homme l’élu ou le mandaté par une société et lui donne charge de l’art dramatique dans son époque ; soit, enfin, pour des compétences techniques dans l’art de monter ou d’ordonner un spectacle, — et c’est, dans ce cas, le metteur en scène : le démiurge.

La fonction du directeur s’exprime ici par le devoir et le droit de choisir, par l’élection, par l’obligation d’orienter la cérémonie dans un sens donné et vers un but. L’acteur, l’auteur, ou le metteur en scène devient grand électeur de l’art dramatique. Et c’est dans ce pouvoir qui lui est conféré et dans la façon dont il l’exerce que nous allons juger et apprécier son rôle de directeur.

L’acteur-directeur est celui qui reçoit une pièce, qui se la lit, s’y distribue le rôle principal et se la monte pour s’y produire.

Telle est la définition la plus tendancieuse qu’on puisse en donner. Mais la déformation professionnelle chez l’acteur-directeur est une des plus caractéristiques et une des plus graves parmi tous les directeurs.

Voici écrit, il y a quarante ans, par Catulle Mendès, le portrait critique du grand acteur que nous appellerons M. X… :