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CHAPITRE XV.

La Ligue.


Depuis le moyen âge, le pape ne se regardait pas seulement comme le premier pontife de la religion, mais comme le représentant et le vicaire de Dieu sur la terre. De là à la monarchie universelle, il n’y avait qu’un pas ; le pape le franchit en théorie, et ne manqua pas une occasion de conformer autant que possible la pratique à la théorie. Il délia les sujets du serment de fidélité, ôta et donna des couronnes, prit avec les rois des airs de maître, quand les rois voulurent bien se laisser faire. Les théologiens et les prédicateurs ne cessèrent d’affirmer cette monarchie universelle qui, en soumettant tous les rois au pape, semblait ne les soumettre qu’à Dieu. Lorsque Panigarolle prêcha devant Charles IX, un mois après la Saint-Barthélemy, son sermon, apologie enthousiaste de la royauté et du pouvoir royal absolu, concluait à la suprématie du pape qu’il élevait au-dessus de tous les rois du monde, sopra tutti i regi del mondo ; et ce n’était que de la logique[1]. On parlait ainsi au roi de France dans son propre palais ; et on ne tarda pas à lui faire entendre que s’il ne gouvernait pas au gré du saint-siége, on trouverait des moyens de l’y

  1. Ch. Labitte, les Prédicateurs de la Ligue, p. 40