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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/132

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CHAPITRE XVIII.

Persécutions sous Louis XV.


La mort de Louis XIV ne mit pas fin à cette oppression des consciences. Quand le grand roi eut disparu, le libertinage succéda à la contrainte ; la cour devint, pour longtemps, un lieu de plaisirs frivoles ; le régent ne prit pas la peine de cacher son incrédulité, et congédia tous les personnages de la vieille cour dont la présence aurait gêné ses fêtes ; le ministre qui régna sous lui, et dont la puissance survécut un temps à la sienne, n’était au fond qu’un athée, malgré sa double dignité d’archevêque et de cardinal ; enfin le jeune roi, élevé par de tels maîtres, et digne de suivre leurs leçons, avec moins de libertinage peut-être, égala et surpassa le scandale de leur vie privée, et ne fut jamais chrétien qu’à la surface. Cependant, de cette cour dissolue, de ces boudoirs obscènes, sortaient des ordonnances terribles contre les jansénistes et contre les protestants[1]. Louis XIV avait ordonné que quand un nou-

  1. Le régent avait eu un instant la pensée de revenir sur la révocation de l’édit de Nantes ; mais on l’en détourna. Saint-Simon se vante, dans ses Mémoires, chap. CDXLIV, « d’avoir empêché cette funeste mesure. » Les raisons qu’il allègue sont caractéristiques : « Je conclus que, puisque le feu roi avait fait la faute beaucoup plus dans la manière que dans la chose même, il y avait plus de trente ans, et que l’Europe y était maintenant accoutumée, et les protestants hors de toute espérance là-dessus