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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/133

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veau converti, malade, aurait refusé au curé de recevoir les sacrements de l’Église, il serait condamné aux galères s’il recouvrait la santé ; et que, s’il mourait, sa mémoire serait flétrie, son cadavre jeté à la voirie et ses biens confisqués[1]. Cette ordonnance ne punissait pas les protestants comme protestants, mais comme relaps. Plus tard, quand on eut persuadé au roi qu’à la suite de la révocation de redit de Nantes, il ne restait plus de protestants en France, il rendit une ordonnance qui généralisait cette pénalité cruelle, et l’appliquait non-seulement aux nouveaux convertis, mais à tous ceux qui refusaient les sacrements[2]. Déclarer dans le préambule d’une loi qu’il n’y a plus de protestants, quand il en reste encore par milliers, et sous ce faux prétexte punir comme relaps les protestants mêmes qui n’ont pas feint de se convertir, c’est, à coup sûr, faire un étrange abus de l’autorité souveraine. Cependant, cette fiction homicide continua à être acceptée en principe par les tribunaux sous la régence, et sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI. Sous Louis XV particulièrement, tout acte de protestantisme était considéré comme une apostasie, et puni des galères perpétuelles. Jamais les édits concernant la religion ne donnaient aux protestants les plus avérés que le nom de nouveaux convertis. En 1750, une ordonnance prescrivit que tout nouveau converti qui assisterait au prêche fût puni des galères. La même année, on décréta contre les prédicants la peine de mort, et plusieurs furent exécutés en Languedoc. La per-

    depuis le refus du feu roi dans la plus pressante extrémité de ses affaires de ne rien écouter là-dessus, il fallait au moins savoir profiter du calme, de la paix, de la tranquillité intérieure qui en était le fruit ; et de gaieté de cœur, et moins encore dans un temps de régence, se rembarquer dans les malheurs certains et sans ressource qui avaient mis la France sens dessus dessous, et qui plusieurs fois l’avaient pensé renverser depuis la mort de Henri II jusqu’à l’édit de Nantes, et qui l’avaient toujours très-dangereusement troublée depuis cet édit jusqu’à la fin des triomphes de Louis XIII à la Rochelle et en Languedoc. »

  1. Déclaration du 29 avril 1686.
  2. Déclaration du 8 mars 1715, renouvelée le 14 mai 1724.