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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/158

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en contradiction flagrante, non-seulement avec le siècle, mais avec l’esprit de la doctrine chrétienne. Si jamais, par impossible, elle redevenait intolérante, je ne voudrais, pour la combattre, que l’Évangile. Souvent, en lisant le récit des auto-da-fé, je me suis demandé ce qu’aurait dit ce Jésus de Nazareth qui chassa les marchands du temple, si tout à coup, par un prodige, il était apparu entre les victimes et les bourreaux et je me suis rappelé avec admiration et attendrissement ces paroles bénies :

« Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Vous ne tuerez pas, et quiconque tuera, méritera d’être jugé par le jugement.

« Mais moi je vous dis que quiconque se mettra en colère contre son frère, méritera d’être condamné par le jugement.

« Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil et dent pour dent ;

« Et moi je vous dis de ne pas résister au mal que l’on veut vous faire, mais si quelqu’un vous a frappé sur la joue droite, présentez-lui encore l’autre.

« Si quelqu’un veut plaider contre vous pour vous prendre votre robe, quittez-lui encore votre manteau.

« Vous avez appris qu’il a été dit : Vous aimerez votre prochain et vous haïrez votre ennemi.

« Et moi je vous dis : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient,

« Afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes[1]. »



  1. Évangile selon saint Matthieu, chap. XXV, v. 2 et suiv.