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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/16

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catholicisme au contraire a une tradition consacrée par l’histoire, remontant sans interruption à l’origine du monde, renouvelée et sanctionnée par une révélation dont il nomme l’auteur, dont il dit la date précise, et qui se résume dans un symbole clair et unique. Il se fonde donc sur la déclaration même de Dieu, à laquelle il ne peut jamais être permis de rien changer, de rien ajouter. Ainsi sa doctrine, pourvu que son origine soit authentique, est nécessairement vraie et la seule vraie. Nul ne peut être chrétien, s’il n’accepte le dogme révélé dans toute son étendue, et si, en adhérant à la religion chrétienne, il ne renonce à toutes les autres ; et nul ne peut être catholique s’il ne regarde les dogmes promulgués par l’Église universelle comme émanant directement de l’Esprit-Saint. On ne saurait rien concevoir de plus rigoureusement exact que ces conséquences ; et l’on peut en conclure que le principe de la révélation étant donné, l’intolérance religieuse est non-seulement juste, mais nécessaire, et qu’une religion qui ne la professerait pas serait par cela même condamnée.

Il est sans doute inutile d’ajouter que, par l’intolérance religieuse, j’entends seulement l’intolérance qui consiste à ne pas admettre de dogmes nouveaux ni de modifications aux dogmes anciens ; qui s’applique aux seuls fidèles, et n’attente en aucun cas à la liberté des incrédules ; et qui, pour les fidèles mêmes, ne prononce aucune peine temporelle, et se borne pour toute pénalité, quand les voies de la persuasion sont épuisées, à l’excommunication purement spirituelle. L’intolérance religieuse ainsi entendue est la condition indispensable de l’unité et de la stabilité de la foi, et la conséquence naturelle du dogme de la révélation. On ne peut reprocher à une Église de croire à la vérité de ses propres dogmes, et d’exclure les dissidents de son sein. Elle ne fait, en les renvoyant, que constater la situation de leur esprit, car on ne saurait appartenir à une Église dont on rejette les croyances. Si