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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/170

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chapitres métropolitains ou diocésains, qui formaient un état-major immense sans aucune fonction. Conserver ces inégalités profondes, ces richesses excessives, laisser à la disposition du roi des faveurs si disproportionnées avec tout ce qui subsistait dans les autres services publics, c’était rendre toutes les réformes illusoires et créer au clergé une situation impossible. Enfin, le recours au pape était certainement une source d’embarras nombreux, par l’influence qu’il donnait à la cour de Rome sur nos affaires intérieures, et par les moyens qu’il fournissait au clergé d’échapper à l’action de l’autorité civile, en se couvrant des droits et de la responsabilité d’une puissance étrangère.

Aussi n’y eut-il pas de contestation sérieuse sur l’urgence des réformes. L’archevêque d’Aix, qui était beaucoup trop habile pour heurter de front le sentiment public, et qui, d’ailleurs appartenait à la classe des prélats administrateurs, se borna à demander la convocation d’un concile qui ferait avec compétence ce que l’Assemblée ne pouvait faire que par une violation des droits de l’Église. L’évêque de Lidda[1], ne comptant pas autant que son collègue sur le sens pratique et l’esprit de modération de la majorité du clergé, proposa de faire connaître au roi par un mémoire les désirs de l’Assemblée, et de le charger d’en obtenir la réalisation par les voies canoniques, c’est-à-dire par l’intervention du pape. Au fond, l’Assemblée, qui voyait l’urgence des réformes et la difficulté de les faire faire par le clergé, était très-résolue à les accomplir elle-même. Mais il fallait justifier de son droit devant la minorité devant l’Église, devant l’Europe. Là était la difficulté.

Treilhard était de ceux qui se disaient catholiques, et qui voulaient conserver le catholicisme comme religion dominante. Il entreprit de prouver, à grand renfort de citations, qu’une assemblée laïque élue sans le concours de l’Église universelle, dans un but exclusivement politique,

  1. Gobel.