Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/213

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adopta le calendrier républicain[1]. La France quittait, pour ainsi dire, le costume du catholicisme dont elle avait depuis longtemps répudié le fond.

La Convention, dont la main n’était pas légère, portait des peines terribles contre les prêtres de l’Église constitutionnelle qui ne se conformaient pas à ses volontés. Non contente de permettre le mariage des prêtres, ce qui eût été légitime, car, étrangère à toute religion positive, elle ne pouvait ni ordonner ni défendre aux prêtres le célibat, elle prononça la peine de la déportation contre tout évêque qui apporterait des empêchements à ces mariages, empiétant ainsi sur le for intérieur, et sur l’intégrité de la discipline ecclésiastique[2]. Elle permit à la Commune de Paris de faire briser les statues, gratter les inscriptions, renverser les croix, mutiler les bas-reliefs, pour qu’il ne restât aucun vestige du culte aboli[3]. En même temps, les représentants envoyés par elle dans les provinces interdisaient, sous les peines les plus terribles, toute manifestation extérieure du culte[4]. Ils allaient même

  1. 3 brumaire an II, 4 frimaire an II.
  2. Thuriot. Si vous dites qu’un évêque qui s’opposera au mariage des prêtres sera destitué, vous le reconnaissez comme fonctionnaire public. Il faut lui faire porter la peine de son crime, mais sans le distinguer des autres citoyens ; qu’il reste évêque si l’on veut, mais qu’il aille aux galères.
     Lequinio. Comme la déportation emporte la destitution d’emploi et la privation de traitement, je demande que les évêques qui s’opposent au mariage des prêtres soient déportés et remplacés.
     Cette proposition est décrétée. (Séance du 19 juillet 1793.)
  3. Arrêté de la Commune de Paris, du 23 octobre 1793 : « Le conseil général, informé qu’au mépris de la loi, il existe encore dans plusieurs rues de Paris des monuments du fanatisme et de la royauté ; considérant que tout acte extérieur d’un culte quelconque est interdit par la loi ; considérant qu’il est de son devoir de faire disparaître les monuments qui alimenteraient les préjugés religieux… arrête que toutes les effigies religieuses qui existent dans les différents lieux de Paris seront enlevées ; que tous les marbres, bronzes, sur lesquels sont gravés les arrêts des parlements contre des victimes du fanatisme et de la férocité des prêtres, seront également anéantis… »
  4. Rapport de Laplanche, représentant en mission dans le Loiret et le