Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/221

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taient leur humiliation et la déchéance de l’Assemblée. Ils le montrèrent bien plus tard[1]. La réaction fut prompte, puisque, dès le 15 novembre, l’Assemblée posait en principe la nullité de toutes les religions[2], et cinq jours après, la Commune, obligée de se condamner elle-même, proclamait la déchéance de sa nouvelle déesse, en abolissant

    née, les êtres raisonnables s’en sont emparés ; consacrez leur propriété.
     « Chabot. Je convertis en motion la demande des citoyens de Paris, que l’église métropolitaine soit désormais le temple de la Raison. »
     La proposition est adoptée.
     Romme demande que la déesse de la Raison se place à côté du président.
     Chaumette la conduit au bureau. Le président et les secrétaires lui donnent le baiser fraternel. La salle retentit d’applaudissements. »
     « Thuriot. Je demande que la Convention marche en corps, au milieu du peuple, au temple de la Raison, pour y chanter l’hymne à la liberté. »
     La proposition est accueillie par des acclamations.
     La Convention se mêle avec le peuple, et se met en marche au milieu des transports et des acclamations d’une joie universelle.

  1. Séance de la Convention du 18 floréal an II (7 mai 1794) : « Couthon. On demande l’impression du rapport de Robespierre (sur l’existence de l’Être suprême) et sa distribution à chaque député au nombre de six exemplaires. Je crois que cela ne suffit pas. La Providence a été offensée, et la Convention outragée par des hommes infâmes qui, pour porter le désespoir dans le cœur du juste, proclamaient le matérialisme et niaient l’existence de l’Être suprême. La justice humaine a déjà frappé ces hommes corrupteurs et corrompus ; mais la Convention doit plus faire, elle doit frapper leurs abominables principes. Elle a été outragée, calomniée partout ; il faut que le rapport soit envoyé aux armées, aux sociétés populaires, qu’il soit placardé dans toutes les rues, traduit dans toutes langues et répandu dans tout l’univers. »
  2. Séance de la Convention du 27 brumaire (17 novembre 1793) « Anarcharsis Clootz. Il est reconnu que les adversaires de la religion ont bien mérité du genre humain. C’est à ce titre que je demande, pour le premier ecclésiastique abjureur (le curé Meslier), une statue dans le temple de la Raison. »
     La Convention rend le décret suivant : « Anarcharsis Clootz, député â la Convention, ayant fait hommage d’un de ses ouvrages intitulé : La certitude des preuves du mahométisme, ouvrage qui constate la nullité de toutes les religions, l’Assemblée accepte cet hommage, en ordonne la mention honorable, etc., et renvoie à son Comité d’instruction publique la proposition faite par le même membre, d’élever une statue à Jean Meslier, le premier prêtre qui ait eu le courage et la bonne foi d’abjurer les erreurs religieuses. »