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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/222

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tous les cultes. Ce n’était pas même assez, à ce qu’il paraît, pour apaiser les ressentiments de la Convention et ceux de la foule, on voulait une rétractation plus formelle. Chaumette ne la marchanda pas. Il se chargea de détruire lui-même son ouvrage. Que signifie cette palinodie ? Elle prouve, à n’en pas douter, que l’opinion publique s’était prononcée énergiquement, et que les meneurs fanatiques (l’impiété a aussi son fanatisme) dont Chaumette s’était fait l’organe en installant son culte ridicule, n’avaient excité que l’horreur et le mépris. D’une part, la liberté des cultes inscrite solennellement dans la loi ; de l’autre, tous les cultes proscrits et l’athéisme intronisé sous le nom de la déesse Raison : je le demande, est-ce qu’une pareille contradiction, est-ce qu’une pareille oppression pouvait tenir ? Même sous la Terreur, il y eut contre ces folies une répulsion assez énergique pour obliger la Commune à reculer, et pour donner à la Convention le courage et les moyens de faire cesser le scandale. Chaumette eut l’impudence de parler de sa religion comme s’il n’en avait pas été l’inventeur. « Ne nous laissons pas entraîner, dit-il[1], dans la voie des exagérations où voudraient nous pousser les ennemis de la république. Le décret sur la suppression des cultes (un décret qu’il avait lui-même provoqué) ne peut qu’aigrir les esprits défiants et irriter le fanatisme. L’article 7 de la déclaration des droits garantit expressément le libre exercice des cultes ; l’article 122 de l’acte constitutionnel est ainsi conçu : « La constitution garantit « à tous les Français la liberté, l’égalité et le libre exercice des cultes ; » le souverain lui-même (il parle du peuple) a adopté et consacré cette loi, il ne nous reste qu’à l’exécuter. Je pardonne leurs erreurs aux demi-savants, aux philosophes d’un jour. À mon sens, si le fanatisme

  1. Séance du conseil général de la Commune, 8 frimaire an II (28 nov. 1793.)