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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/225

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décret de Robespierre, la liberté de conscience est encore une fois formulée[1]. Ce n’est pas, tant s’en faut, la dernière fois qu’elle fut promise. La place qu’elle occupe dans le décret après la fondation d’un culte national, et

  1. Séance du 18 floréal. (Présidence de Carnot.) Décret voté sur la proposition de Robespierre.
     Art. 1. Le peuple français reconnaît l’existence de l’Être suprême et l’immortalilé de l’âme.
     Art. 2. Il reconnaît que le culte digne de l’Être suprême est la pratique des devoirs de l’homme.
     Art. 3. Il met au rang de ces devoirs de délester la mauvaise foi et la tyrannie, de punir les tyrans et les traîtres, de secourir les malheureux, de respecter les faibles, de défendre les opprimés, de faire aux autres tout le bien qu’on peut, et de n’être injuste envers personne.
     Art. 4. Il sera institué des fêtes pour rappeler l’homme à la pensée de la Divinité et à la dignité de son être.
     Art. 5. Elles emprunteront leurs noms soit des événements glorieux de notre Révolution, soit des vertus les plus chères elles plus utiles à l’homme, soit des plus grands bienfaits de la nature.
     Art, 6. La République française célébrera tous les ans les fêtes du 14 juillet 1789, du 10 août 1792, du 21 janvier 1793, du 31 mai 1793.
     Art. 7. Elle célébrera les jours de décadi les fêtes dont l’énumération suit : — à l’Être suprême, à la nature ; — au genre humain ; — au peuple français ; — aux bienfaiteurs de l’humanité ; — aux martyrs de la liberté ; — à la liberté et à l’égalité ; — à la République ; — à la liberté du monde ; — à l’amour de la patrie ; — à la haine des tyrans et des traîtres ; — à la vérité ; — à la justice ; — à la pudeur ; — à la gloire et à l’immortalité ; — à l’amitié ; — à la frugalité ; — au courage ; — à la bonne foi ; — à l’héroïsme ; — au désintéressement ; — au stoïcisme ; — à l’amour ; — à l’amour conjugal ; — à l’amour paternel ; — à la tendresse maternelle ; — à la piété filiale ; — à l’enfance ; — à la jeunesse ; — à l’âge viril ; — à la vieillesse ; — au malheur ; — à l’agriculture ; — à l’industrie ; — à nos aïeux ; — à la postérité ; — au bonheur…
     Art. 11. La liberté des cultes est maintenue, conformément au décret du 18 frimaire.
     Art. 12. Tout rassemblement aristocratique et contraire à l’ordre public sera réprimé.
     Art. 13. En cas de troubles dont un culte quelconque serait l’occasion ou le motif, ceux qui les exciteraient par des prédications fanatiques ou par des insinuations contre-révolutionnaires, ceux qui les provoqueraient par des violences injustes et gratuites, seront également punis selon la rigueur des lois…
     Art. 15. 11 sera célébré le 2 prairial prochain une fête en l’honneur de l’Être suprême.