Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/236

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le despotisme ne s’étend que sur les actions : celui-ci envahit jusqu’à la pensée ; son but est d’enchaîner les âmes en même temps que les corps. Il peut être modéré dans application, tout comme un tyran peut être paternel : ce sont d’heureux hasards, qui n’ôtent rien à l’odieux du principe, et sur la foi desquels ni la philosophie ni les peuples ne peuvent s’endormir. La religion d’État écartée, restent donc le régime de l’indépendance absolue, et celui des concordats.

Le Concordat est un traité d’alliance entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, par lequel le pouvoir temporel accorde au pouvoir spirituel de l’argent, de l’autorité et des immunités, à condition de lui imposer certaines restrictions et d’en obtenir certains services. Dans ces sortes de contrats, on sacrifie des deux côtés la liberté : le pouvoir spirituel sacrifie un peu de la sienne dans l’espoir de diminuer dans une plus forte proportion celle des autres ; et le pouvoir temporel sacrifie la liberté commune afin de créer une force nouvelle en dehors de lui, mais à son profit.