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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/237

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CHAPITRE II.

Les concordats en France jusqu’à la Révolution.


En France, ce fut saint Louis qui fit le premier concordat. C’était pour le temps un grand acte d’indépendance, mais saint Louis est en effet remarquable surtout par la distinction qu’il sut faire et qu’il maintint avec fermeté, entre les droits du roi et les devoirs du chrétien. Tandis que d’autres États, tels que la plupart des États italiens, l’Espagne, etc., se soumettaient à la suprématie pontificale, et recevaient de la cour de Rome le nom de pays d’obédience, saint Louis avait écrit dans ses Établissements que « le roy ne tient de nullui, fors de Dieu et de lui[1], » ce qui excluait toute idée de subordination temporelle ; et la Pragmatique, en garantissant les droits des collateurs de bénéfices et ceux des électeurs ecclésiastiques, en annonçant des mesures sévères contre la simonie, et en soumettant à l’approbation du gouvernement royal toute nouvelle levée d’argent ordonnée sur les Églises par la cour de Rome, consacrait d’un côté l’indépendance de l’Église gallicane, et de l’autre la franchise du pouvoir royal et en droit de contrôle sur la fiscalité ultramontaine. La Pragmatique de Bourges, sous Charles VII, en 1348, eut le même caractère. Le roi y stipulait pour l’Église de

  1. Liv. I, chap. LXXVIII ; liv. III, chap. XIII et XIX.