Aller au contenu

Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des intentions hostiles. On ne leur donna pas à discuter les articles du concordat ; on leur porta une loi en un seul article, approuvant la convention conclue avec le pape, et en même temps les règlements qui développaient cette convention dans le sens de l’amoindrissement du pouvoir religieux. La loi passa sous cette forme, mais avec tant de peine que le Corps législatif, qui déjà s’était donné pour président Dupuis, proposa Grégoire, un évêque constitutionnel, pour candidat au Sénat. Le Sénat, qui l’eût cru ? l’élut à une grande majorité. Le Tribunat, de son côté, avait fait un choix non moins significatif en désignant Daunou, prêtre assermenté, qui avait été, en 1791, vicaire métropolitain et directeur du séminaire de Paris, et plus tard, l’un des commissaires envoyés à Rome pour y organiser la république. Il fallut que le premier consul fît venir les sénateurs aux Tuileries et leur dît en propres termes : « Je vous préviens que je regarderais la nomination de Daunou au Sénat comme une insulte personnelle ; et vous savez si jamais j’en ai souffert aucune. » Celui qui pouvait parler sur ce ton au premier corps de l’État avait eu besoin de quelques ménagements pour faire accepter le concordat : cela dit tout. Les mêmes répugnances éclatèrent, au sein même du Conseil d’État, quand Bonaparte, devenu empereur, annonça l’intention de se faire sacrer par le pape[1].

Je donnerai maintenant une analyse très-sommaire des décrets organiques, comme je l’ai fait pour le concordat daus le chapitre précédent.

Aucun écrit émanant de la cour de Rome, de quelque nature qu’il soit, aucun décret de synode étranger ou même de concile général, ne seront reçus, publiés, imprimés ou mis à exécution en France, sans l’autorisation du gouvernement[2].

  1. M. Thiers, Histoire, du Consulat et de l’Empire, I, 20.
  2. Art. 1 et 3.