Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

églises de France[1]. D’autres articles, concernant la vacance des sièges[2], sont destinés à empêcher le gouvernement pontifical de profiter de l’interrègne pour faire des actes d’administration ou des bénéfices. On ne pourra donner la bénédiction nuptiale qu’à ceux qui justifieront, en bonne et due forme, avoir contracté mariage devant l’officier civil[3]. Cette réforme, d’un intérêt capital, remontait à l’Assemblée constituante. La cour de Rome ne la vit pas consacrer de nouveau sans une amère douleur[4]. Le costume même des évêques, celui des prêtres[5], les titres que pourront s’attribuer les évêques[6], tout est réglé, jusqu’au son des cloches[7]. Le pape ne cessa de réclamer contre ces articles organiques ; tantôt il se bornait à combattre les stipulations nouvelles ; quelquefois ses doléances portaient jusque sur la fameuse déclaration de 1682. Il se plaignait avec raison que ces articles, qui, sous prétexte d’interpréter le concordat, ne faisaient que l’aggraver contre lui, eussent été promulgués à son insu. Il y avait là, suivant lui, et on ne peut guère en disconvenir[8], une violation de la foi des traités. Le

  1. Art. 39
  2. Art. 35, 36, 37, 38.
  3. Art. 64.
  4. La même disposition ayant été introduite dans le royaume d’Italie, voici comment le pape Pie IX l’a jugée dans le consistoire secret du 26 octobre 1866 ; « Ce gouvernement n’a pas hésité à promulguer une loi touchant le mariage civil, comme nous l’appelons, loi non-seulement très-contraire à la doctrine catholique, mais encore au bien de la société civile. Une telle loi foule aux pieds la dignité et la sainteté du mariage ; elle en détruit l’institution ; elle encourage un concubinage tout à fait honteux. En effet, il ne peut pas y avoir entre des fidèles un mariage sans qu’il y ait eu, en un seul et même temps, sacrement. Aussi est-ce au pouvoir de l’Église qu’appartient exclusivement le droit de décréter tout ce qui peut concerner le sacrement du mariage. »
  5. Art. 42 et 43.
  6. Art. 42 : « Il sera libre aux archevêques et évêques d’ajouter à leur nom le titre de citoyen ou celui de monsieur. Toutes autres qualifications sont interdites.
  7. Art. 48.
  8. « Nous nous apercevons qu’avec le susdit concordat on a publié d’autres articles qui ne nous étaient pas connus. » Allocution de Pie VII. 24 mai 1802.