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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/265

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demander, non l’abdication de leurs sièges, mais l’abjuration de leurs erreurs. N’était-il pas dur pour le pape de destituer les évêques fidèles au profit des évêques rebelles ? Il le fit pourtant ; car il fallait se courber sous la main de l’empereur. Les évêques constitutionnels, offensés jusque dans le bref qui les réhabilitait, consentirent à subir la volonté de Rome, en prenant les précautions nécessaires pour sauver leur dignité, et ne pas condamner leur passé ; les évêques non assermentés se divisèrent. Il y en avait sept à Paris, huit dans les départements, en tout quinze qui étaient rentrés en France, et qui consentirent sans hésiter. Les évêques réfugiés en Allemagne, en Italie et en Espagne suivirent cet exemple. Restaient les dix-huit évêques réfugiés en Angleterre. Treize refusèrent leur adhésion ; il fallut passer outre, suivant la décision qui avait été prise. En somme, on pouvait regarder un tel résultat comme favorable.

Le cardinal Caprara, qui avait remplacé Consalvi en France, espérait au moins qu’aucun évêque constitutionnel ne serait nommé aux évêchés nouveaux, ou que, si quelques-uns étaient nommés, ils ne recevraient l’institution canonique qu’après avoir confessé leur erreur et s’être réconciliés avec la cour de Rome. Mais le premier consul ne l’entendait pas ainsi. La faute des constitutionnels était une faute purement théologique ; à ses yeux, la querelle entre les constitutionnels et les orthodoxes était une querelle de sacristie, dans laquelle il ne lui convenait pas d’entrer. Après tout, ces prétendus schismatiques professaient le même symbole, suivaient la même liturgie que l’église de Rome, et ne ceseaient de déclarer en toute occasion qu’ils voulaient demeurer dans sa communion. Leur unique tort était d’avoir reconnu le gouvernement républicain que Rome ne voulait pas reconnaître, et d’avoir obéi à la loi de leur pays. Si Bonaparte avait été catholique, il aurait pu penser autrement ; mais il n’avait d’autre religion que la politique, et il pe-