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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/269

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les années suivantes. Napoléon ne ménageait plus, dans le Pape, ni le prince temporel dont la souveraineté le gênait, ni le pontife dont il dédaignait les scrupules et qu’il voulait asservir à sa politique. « Vous êtes le souverain de Rome, lui écrivait-il, mais j’en suis l’empereur ; » empereur par le seul droit du plus fort, mais empereur qui voulait être obéi à Rome comme à Paris. Chacun des deux pouvoirs en vint assez promptement aux extrémités : le Pape excommunia l’Empereur ; l’Empereur emprisonna le Pape, qui fut conduit à Grenoble, puis à Savone. Rome, déjà envahie en 1808 par le général Miollis, fut réunie à la France par un sénatus-consulte, et l’Empereur assembla un concile pour aviser au moyen de donner l’institution canonique sans le Pape[1]. Cette tentative de retour à la constitution civile du clergé avorta[2]. Pie VII, qui, d’abord s’était laissé entraîner comme le concile lui-même, retira son consentement et fut amené à Fontainebleau, où il entra le 10 juin 1813. Ce fut là que Duvoisin, évêque de Nantes, lui lut de la part de l’Empereur les propositions suivantes :

    que de dire qu’on respectera et fera respecter les articles organiques. Respecter et faire respecter la liberté des cultes, suppose l’engagement, non de tolérer et de permettre, mais de soutenir et de protéger, et s’étend non-seulement aux personnes, mais à la chose, c’est-à-dire à tous les cultes. Or, un catholique ne peut protéger l’erreur des faux cultes. »

  1. « Que ceux qui avaient imaginé la constitution civile du clergé et créé la république romaine, en agissent ainsi, dit M. Thiers, rien n’était plus simple et ne pouvait plus honorablement se justifier, puisqu’ils étaient convaincus ! Mais l’auteur du Concordat se conduire de la sorte ! » L, 1., tome XI, p. 304.
  2. Vingt-sept sièges étaient devenus vacants dans l’empire, et le pape refusait d’instituer de nouveaux évèques. L’Empereur de son côté songeait à exiger des papes futurs un serment de fidélité à l’Empire, et à les faire résider alternativement à Rome et à Paris. Il leur donnait d’ailleurs des palais, de belles résidences, et une dotation de deux millions…. À la suite de ces décisions, il ordonna immédiatement des travaux à l’archevêché de Paris, au Panthéon, à Saint-Denis, pour y recevoir le gouvernement pontifical et le pontife lui-même. » M. Thiers, 1. 1., t. XII, p. 73.