Aller au contenu

Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

putaient la possession[1]. » Dans le premier Alcibiade, il jure par le Dieu qui préside à l’amitié, et « qui est de tous les dieux celui que je voudrais le moins offenser par un parjure[2]. » Dans une foule de passages, il invoque les dieux mythologiques, il les prend à témoins, il raconte leur histoire sans donner aucune marque d’incrédulité[3] ; il dit dans les Lois[4] qu’il est manifeste, par l’exemple de Thésée, que les dieux exaucent les prières des parents contre les enfants. Il a, sur les démons, une théorie au moins étrange, si on la considère au point de vue purement philosophique. « Ce sont des dieux ou des enfants des dieux, dit-il[5]. Ils servent d’entremetteurs entre les dieux et les hommes, apportant au ciel les vœux et les sacrifices des hommes, et rapportant aux hommes les ordres des dieux et les récompenses qu’ils leur accordent pour leurs sacrifices. Les démons entretiennent l’harmonie de ces deux sphères ; ils sont le lien qui unit le grand tout. C’est d’eux que procède la science divinatoire et l’art des prêtres relativement aux sacrifices, aux initiations, aux enchantements, aux prophéties et à la magie[6]. »

On répète assez volontiers que les mythes célèbres répandus dans les Dialogues ne sont guère que des ornements poétiques, et que Platon y a recours pour combler, en quelque sorte, par des solutions imaginaires, les lacunes de sa philosophie. Il est certain qu’après avoir employé la dialectique pour démontrer l’immortalité de l’âme, quand il en vient à décrire cette immortalité, c’est à l’hypothèse et à l’imagination qu’il a recours, non à un

  1. Ménexène, trad. fr., t. IV, p. 192.
  2. Trad. fr., t. V, p. 35.
  3. Le Phèdre, trad. fr., t. VI, p. 25, 53, 119, 434. — Le Banquet, p. 219. — Les Lois, liv. I, t. VII, p. 54, 73, 83 ; liv. III, t. VII, p. 446, 173, 175 ; liv. IV, t. VII, p. 236 sq., 254 ; liv. V, t. VII, p. 283 ; liv. VI, p. 308.
  4. Liv. X, trad. fr., t. VIII, p. 320.
  5. Apologie, trad. fr., t. I, p. 88.
  6. Le Banquet, trad. fr., t. VI, p. 209.