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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/277

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eurent le même sort. Ce n’était que partie remise[1]. M. de Blacas poursuivait à Rome un but qui tenait bien autrement au cœur de tous les catholiques, puisqu’il s’agissait d’effacer la part que Pie VII, vaincu par le malheur des temps, avait prise à la spoliation de l’Église. Le 16 juillet 1817 furent échangées au Vatican les ratifications d’un nouveau Concordat entre le pape et le roi de France, dont le but principal était de supprimer complètement le Concordat de 1801, et de remettre en vigueur celui qui était jadis intervenu entre Léon X et François Ier. Une des conséquences de cette convention nouvelle était de rétablir les évêchés détruits en 1801. En effet, elle fut suivie, le 27 juillet 1817, d’une bulle portant érection de sept archevêchés et de trente-cinq évêchés. Le pape saisissait cette occasion de revendiquer ses droits sur Avignon et le comtat Venaissin[2]. Ni le Concordat ni la bulle ne produisirent leur effet. Le Concordat fut présenté aux Chambres, puis retiré, ce qui annulait la bulle de plein droit. Malgré tous les efforts de la Congrégation, la majorité de la Chambre était effrayée de ces nombreux évêchés, de cette division de la France religieuse sans analogie avec notre division politique, des demandes d’argent sans cesse renouvelées, des moyens fournis à la cour romaine d’agiter le pays, si elle le voulait, et de tenir le roi même en échec. On voulait bien enrichir le clergé ; mais plusieurs,

  1. M. de Vaulabelle, Histoire des Deux-Restaurations, t. IV, p. 198 sqq.
  2. « En décrétant cette nouvelle circonscription, qui comprend aussi le duché d’Avignon et le comtat Venaissin, nous ne prétendons porter aucun préjudice aux droits incontestables du saint-siége sur ces pays, comme nous l’avons souvent prolesté, entre autres dans les congrès de Vienne, et dans le consistoire que nous avons tenu le 4 septembre 1815 ; et nous nous promettons de l’équité du Roi Très-Chrétien, ou qu’il restituera ces pays au patrimoine du prince des Apôtres, ou du moins qu’il nous en donnera une juste compensation, et qu’ainsi Sa Majesté accomplira la promesse que son très-illustre frère avait faite à notre prédécesseur Pie VI, d’heureuse mémoire, et qu’il ne put exécuter, prévenu par la mort la plus injuste. » Voy. le Bulletin des Lois de 1817, no 345.