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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/301

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La religion catholique du rit latin en Pologne et en Russie ne fut pas plus épargnée. Non-seulement on lui appliqua les disposition de l’oukase de 1832 relatives aux mariages mixtes, et des oukases de 1833 sur l’enseignement théologique ; mais on la fit gouverner, même pour les matières spirituelles, par une commission administrative dont les membres appartenaient, bien entendu, à l’Église schismatique. On ferma d’un seul coup tous les monastères, afin que cet opulent héritage devînt la proie de l’Église russe[1]. Le recrutement du clergé fut rendu presque impossible par un oukase de 1832, dont voici les dispositions principales : « Tout aspirant au ministère ecclésiastique devra faire preuve de noblesse, justifier d’études complètes dans l’une des universités de l’empire, fournir un remplaçant pour le service militaire, obtenir la permission du ministère des cultes, et verser une somme de six cents francs dans la caisse provinciale au profit du clergé gréco-russe ; » Enfin, rien ne fut négligé pour effrayer les populations et pour gagner les prêtres aux projets du synode. La possibilité de se marier aussitôt après leur apostasie fut un puissant appât pour les membres les moins méritants du clergé latin[2]. Un oukase du 2 jan-

    qu’à ce qu’ils consentissent à une nouvelle apostasie. Un protopope, suivi de gendarmes, fustigeait impitoyablement des populations entières Nous avons vu le protopope Paul donner le knout de sa propre main aux habitants d’un village, et cela sans épargner les vieillards. Il arriva une fois que les prisons de Witepsk furent tellement encombrées qu’il n’y avait plus de place pour les victimes… Les mères et les femmes des détenus se rendirent près de l’archevêque russe pour lui demander protection : il les fit dipperser à coups de bâton. Les docteurs en théologie sont placés comme paysans et domestiques dans les séminaires’russes… Baronowski, curé de Bore est mort en prison à Zyrowice ; Jean Ralkiewilz, Sosnowski, sont morts ; cent soixante prêtres exilés…., etc. » (Vicissitudes de l’Église catholique des deux rites, par le P. Theiner, traduit en français avec une préface de M. de Montalembert, t. II, p. 323 sqq.)

  1. Oukases des 24 juin 1833, 22 avril 1834, érection de deux évêchés du culte dominant à Polock et à Varsovie.
  2. Il y a en Russie deux sortes de catholiques : les ruthéniens on grecs