Aller au contenu

Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vier 1839 accorde amnistie complète à tout catholique condamné, pour meurtre ou pour vol, au knout, aux mines ou aux galères, pourvu qu’il se convertisse. En revanche, un oukase du 21 mars 1840 prononce les peines les plus sévères contre les schismatiques convertis au catholicisme[1].

Ces détails sont pénibles à retracer, mais il faut savoir qu’au dix-neuvième siècle on enseigne encore par le fer et par le bâton. Sans doute, les catholiques qui chez nous protestent contre la liberté de conscience ne demandent pas que les hérétiques ou les philosophes soient spoliés de leurs biens, traînés en prison ou en exil, battus par des soldats, séparés de leurs enfants, sabrés, jetés à l’eau. Mais jamais persécution n’a débuté par ces moyens violents. Le principe de l’intolérance fait vite son chemin. En l’acceptant aujourd’hui, vous n’êtes que fanatiques ; demain, ceux qui viendront après vous seront sanguinaires[2]. Cela est prouvé, si quelque chose peut être prouvé par l’histoire. Proclamer le principe de l’intolérance, comme vous le faites avec un entraînement si coupable,

    unis, qui, en rentrant dans la communion de l’Église de Rome, ont conservé le rit grec et le mariage des prêtres, et les latins, qui ont toujours été soumis à l’Église romaine, et ne diffèrent en rien des catholiques de tous les pays.

  1. « Tout individu possédant des serfs qui sera convaincu d’avoir abandonné la religion orthodoxe (schisme russe) perdra l’administration de ses biens, sans préjudice des peines personnelles portées par la loi.
     « 2o U ne pourra garder à son service aucun de ses serfs orthodoxes, ni demeurer dans aucune de ses propriétés habitées par des serfs orthodoxes.
     « 6o S’il a des enfants en bas âge, des mesures seront prises pour protéger leur orthodoxie. » (24 mars 1840.)
  2. Dans le premier procès de Penn, le patriarche des quakers, le juge, irrité du sang-froid de l’accusé, s’écria : « Je n’avais jamais compris jusqu’à présent que les Espagnols aient souffert l’établissement de l’inquisition ; mais je m’aperçois bien que nous ne serons jamais tranquilles si nous n’avons en Angleterre quelque chose de semblable à l’inquisition d’Espagne ! » Quiconque opprime la liberté de conscience finit, un jour ou l’autre par souhaiter l’inquisition d’Espagne,