Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/38

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attirèrent surtout l’attention par leurs conquêtes dans les grandes familles. Menacés aussitôt comme impies, à cause de la propagande qu’ils faisaient contre les dieux romains et les dieux des autres nations, ils s’unirent et s’organisèrent comme il arrive entre proscrits. Leur religion d’ailleurs, qui proclamait l’égalité et la fraternité de tous les hommes, avait pour effet de créer une société nouvelle au milieu de la société ancienne. Ils ne pouvaient donc échapper ni à la politique romaine qui proscrivait toute association secrète, ni à la superstition romaine qui, de bonne foi les regardait comme les ennemis du genre humain, parce qu’ils refusaient de sacrifier aux dieux. L’indifférence en matière de dogme animait également contre eux les esprits éclairés, qui leur reprochaient leur fanatisme, et les accusaient d’être insociables[1].



  1. Igitur primum correpti, deindè indicio eorum multitudo ingens, haud perindè in crimine incendii quam odio humani geneiis convicli sunt. Tacite, Annal., XV, 44.