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CHAPITRE IV.

Les empereurs romains persécutent le christianisme.


Au moment où le christianisme apportait dans le monde romain cette grande révolution, le décrépitude était partout, dans les choses et dans les âmes. Caton avait emporté en mourant ce qui restait des mœurs de la république. Rome avait crû par le patriotisme ; elle tomba par la servitude. Les patriciens, devenus courtisans, prirent des âmes de courtisans, despotes chez eux, flatteurs chez le maître. Ils se jetèrent dans un luxe effréné qui traîna la misère à sa suite ; car le luxe, quoi qu’on en dise, est le contraire de l’art, et il aboutit toujours à une déperdition de forces. Le peuple, qui ne savait pas travailler et n’avait plus de guerres, s’accoutuma à vivre de largesses. Quand il y eut au-dessus des tribunaux la volonté d’un homme, la loi perdit son autorité et sa fixité. Point de philosophie ; le stoïcisme même était inconnu comme théorie. Sous la république, il n’avait été que dans les lois et les mœurs : il eût effrayé les courtisans de César. Le père de famille avait-il besoin pour ses enfants d’un maître de philosophie ? il le faisait acheter au marché. Ce maître était stoïcien ou épicurien, selon la vente et le hasard de la journée. À vrai dire, la philosophie n’était plus qu’un art frivole, qu’on se hâtait d’oublier en quittant la robe prétexte. S’il restait un fantôme de religion, elle était toute