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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/44

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CHAPITRE V.

Les empereurs, convertis au christianisme, persécutent
les païens.


Après trois siècles de persécutions et de rapines, il fut évident que le christianisme ne faisait que grandir, et qu’il remplissait déjà le monde. Il vint un moment où l’empereur, en regardant autour de lui, reconnut avec effroi que le christianisme s’était glissé dans sa cour et jusque dans sa plus proche famille. Ceux même qui n’osaient pas avouer leur foi étaient chrétiens au fond du cœur. On dit qu’à la veille d’une bataille, pendant sa lutte contre Maxence, Constantin aperçut dans les airs la croix avec cette légende : « Tu vaincras par ce signe. » C’est qu’en effet, à partir de ce moment, le christianisme n’avait plus seulement la force que donne l’idée, il avait en outre la force que donne le nombre. Constantin le comprit ; il résolut de se faire instruire ; et, changeant en une nuit de parti et de religion, lui qui la veille invoquait contre les chrétiens les dieux de l’empire, il se mit à proscrire le paganisme au nom de Jésus-Christ. Cette brusque transition n’étonna personne. On ne connaissait pas la liberté, ou du moins on ne la connaissait plus : on l’oublie dans la servitude, et c’est ce que la tyrannie a de plus affreux. Rome, accoutumée dès longtemps à l’intolérance, mais à une intolérance qui se conciliait avec l’éclectisme, com-