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CHAPITRE VI.

Les empereurs, non contents d’imposer le christianisme aux païens, imposent l’orthodoxie aux chrétiens.


Constantin parle de liberté le lendemain de sa victoire sur Maxence, et déclare en termes exprès que personne ne doit être inquiété pour sa religion[1] ; mais, dès le même jour, les évêques deviennent un pouvoir dans l’État ; l’empereur les appelle auprès de lui ; il en fait ses conseillers et ses guides[2]. Ils voyagent aux frais du trésor[3], se réunissent en synodes et en conciles, obtiennent des sommes immenses pour l’édification de leurs temples, et promulguent de véritables codes sous le nom de canons de l’Église. Constantin se charge lui-même de notifier aux gouverneurs des provinces les décisions des évêques ; il provoque la condamnation des hérétiques, et la fait exécuter. Il donne commission à ses proconsuls d’appeler devant eux des évêques, des diacres et des prêtres, et de les interroger sur la doctrine[4]. Les mêmes juges qui, la veille, condamnaient les chrétiens au nom des dieux de l’empire, condamnent maintenant les donatistes au nom des conciles et de la foi orthodoxe. C’est la même intolérance au service d’un autre

  1. Édit de Constantin et Licinius, dans Lactance, n. 45.
  2. Eusèbe, Vie de Constantin, liv. I, chap. XLI.
  3. Eusèbe, Hist., liv. X, chap. V.
  4. Eusèbe, Hist., liv. X, chap. VI.