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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/56

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CHAPITRE VII.

Le christianisme, sous Julien, de persécuteur redevient
persécuté.


Vingt-cinq ans après la mort de Constantin, il se passa un événement qui aurait pu avoir de grandes suites, mais qui ne fut en réalité qu’un très-court anachronisme. L’empereur Julien, élevé dans la religion chrétienne, la quitta pour se donner sans réserve au polythéisme et à la philosophie telle qu’elle était enseignée dans l’école d’Alexandrie et dans l’école d’Athènes. Pourquoi mêla-t-il à la philosophie néoplatonicienne les légendes de la mythologie ? On a peine à le comprendre d’un homme qui avait été chrétien, qui était philosophe, quoique d’une école où la tradition et le mysticisme obscurcissaient souvent la raison, qui d’ailleurs possédait à fond l’histoire et toute la science de son temps, et qui donna, dans ses écrits et dans sa conduite comme empereur la preuve d’une haute et ferme intelligence. Ce singulier retour à des croyances surannées et grossières s’explique en partie par l’amour du merveilleux et du surnaturel, très-répandu à cette époque, même dans les écoles de philosophie, et par l’opinion qu’avait Julien, et qu’il ne pouvait guère ne pas avoir, que l’État ne pouvait se passer de religion. Nous avons vu que la religion romaine était un éclectisme sans limite ; Julien, élevé dans les spéculations profondes de l’école