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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/58

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tin[1] : mais on voit en lui, dès le premier jour, un homme qui se venge d’une longue oppression, et que la passion entraîne à des représailles, en dépit de son jugement. Il se contenta d’abord de plaindre les chrétiens, et de les écarter des emplois[2]. Il écrivit contre eux, et ils lui répondirent avec assez de liberté. L’aigreur, de part et d’autre, s’introduisit dans la dispute. Le sophiste se souvint qu’il était empereur, et répondit aux pamphlets par des ordonnances, n y en a deux qu’on reprochera toujours à sa mémoire, parce qu’elles inaugurèrent la persécution perfide, après les persécutions sanglantes de Dioclétien. La première est celle qui spolie les églises, sous prétexte que l’Évangile recommande la pauvreté, et que c’est rendre service aux chrétiens et leur faciliter le chemin du ciel que de les appauvrir[3] ; la seconde ordonne de fermer leurs écoles, ou de les réduire à enseigner Luc et Matthieu : « Car

  1. « On pourrait les contraindre sans injustice ; mais nous permettons à tous de s’infecter de ce mal. « (Lettre XLII.) — « Telle a été ma clémence envers les Galiléens (les chrétiens), que j’ai défendu de les violenter, de les traîner au temple et de les contraindre à quoi que ce fût malgré leur volonté. (Lettre XLIII.) — « Point d’injustice envers les chrétiens : ils sont plus dignes de pitié que de haine, car il n’y a pas de plus grand malheur que d’abandonner le culte des dieux immortels pour adorer les morts et les reliques des morts. » (Lettre LII.) — Cf. Jules Simon, Histoire de l’École d’Alexandrie, t. II, p. 294.
  2. « Je ne veux pas que l’on tue ou que l’on poursuive les Galiléens contre le droit et la justice : cependant il leur faut toujours préférer les hommes pieux, les honnêtes gens. » (Lettre VII, à Artabius.)
  3. « Les Galiléens qui appartiennent à l’Église arienne, gorgés de richesses, se sont jetés sur les Valentiniens, et se sont portés dans Édesse à des excès qui ne fussent pas arrivés dans une ville bien policée. Cela nous a engagés à leur venir en aide pour l’accomplissement d’un précepte admirable de leur loi, et nous avons fait distribuer à nos soldats l’argent de l’église d’Édesse et placé ses autres richesses dans notre trésor. Nous les avons ainsi rendus pauvres et dignes du royaume des cieux qu’ils attendent. » (Lettre XLIII, à Écébolus.)
    On pourrait rapprocher de cette lettre les paroles prononcées par Thuriot le 21 brumaire 1793. « Assez et trop longtemps la République a soldé l’armée du fanatisme et de l’erreur. Si l’homme philosophe était vindicatif, il pourrait dire au prêtre : « Nous t’assurons les richesses a que tu nous as promises après la mort dans le paradis. » (On rit et on