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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/70

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Rome. — Doit-il trouver un refuge auprès de Pierre, répond saint Bernard, celui qui renie la foi de Pierre ? » Quoi ! pas de discussion et pas d’appel ! Non, la raison ne sera pas discutée, elle sera domptée. Saint Bernard l’avait écrit à la cour de Rome : « Il importe à l’Église, il importe à cet homme lui-même qu’il lui soit imposé silence. » Il disait, dans son horreur pour l’hérésie, et pour cette introduction de la raison dans la discussion des dogmes qui caractérise la théologie d’Abélard : « II faut briser cette bouche avec des bâtons[1]. »



  1. « Je ne sais si la bouche d’où sortent de telles paroles ne serait pas plus justement brisée à coups de bâtons (jusliùs fustibus tunderetur) que réfutée par le raisonnement. » S. Bernard, Lettre au pape Innocent II. — Cf. Abélard, par M. de Rémusat, t. I, p. 220 et suiv. — C’est pourtant saint Bernard qui a écrit : « Hæretici capiantur non armis, sed argumentis. » (Serm. 64.)