Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE X.

Les Albigeois.


Voici la plus sanglante tragédie du treizième siècle. L’hérésie des Pauliciens ou des Manichéens de Bulgarie, avait été apportée en France par une vieille femme, qui se fît quelques prosélytes parmi les chanoines d’Orléans. Les nouveaux sectaires adoptèrent une conduite austère, qui leur fit donner le nom de Cathares, ou purs, et leur attira des adhérents. Ils s’élevèrent contre les biens de l’Église, contre la dîme ; c’était fournir des aliments à la haine populaire, excitée déjà par la richesse et le luxe du clergé. Plusieurs Cathares furent brûlés vifs. L’hérésie n’en prit que plus de force. Elle s’étendit surtout dans le Languedoc où Roger, vicomte d’Alby, était en armes contre Raymond, comte de Toulouse. Roger, pour accroître ses forces, appela à lui les hérétiques, et alors commença la guerre des Albigeois. Ces hérétiques se transformèrent en soldats, cette secte devint une armée. Le 28 mai 1204, Innocent III appela Philippe Auguste à la défense de l’Église, et fit prêcher une croisade en France, contre le midi de la France. Le duc de Bourgogne, le comte de Saint-Paul, le comte de Nevers, des évêques, des archevêques, une foule considérable d’abbés accoururent du Nord avec leurs vassaux, et envahirent le comté de Toulouse. Le siège de Béziers tut le premier exploit de cette avide armée, à