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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/74

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et les renvoya tout nus à l’armée des croisés[1]. C’était une nuit d’hiver, « où le vent et le gel faisaient rage, » et l’un d’eux vint mourir en un bourbier[2]. Les représailles ne se firent pas attendre. Le comte de Montfort avec ses gens, « prirent en trois jours le château de Brous sans le secours des machines. Au demeurant, ils arrachèrent les yeux à plus de cent hommes de ce château, et leur coupèrent le nez, laissant un œil à l’un d’eux, pour qu’au plus grand opprobre des ennemis il conduisît les autres à Cabaret[3]. » Mais il faut fermer ce livre, non pas cependant avant d’avoir cité quelques extraits de l’ordonnance du roi qui acheva, disent nos anciens historiens, de bannir l’hérésie dans le diocèse de Narbonne. Cette ordonnance fut rendue en 1228, par saint Louis, encore enfant, ou plutôt par la régente sa mère, après la défaite du comte de Toulouse.

« Nous ordonnons, dit le roi, que l’Église et les personnes ecclésiastiques de votre province jouissent des mêmes libertés et privilèges dont l’Église gallicane est en possession. Et d’autant que depuis plusieurs années les hérétiques y répandent leur venin et en infectent la sainte Église notre mère, nous ordonnons, pour parvenir à son extirpation, que tous ceux qui seront trouvés s’écarter de la foi catholique, sous quelque nom qu’ils soient connus, après qu’ils auront été jugés hérétiques par l’évêque du lieu, ou par quelque autre personnage ecclésiastique en ayant le pouvoir, ils soient aussitôt et sans aucun retardement punis d’un châtiment exemplaire et proportionné à leur faute. Défendons très-étroitement à toutes personnes de recevoir, défendre, favoriser ou protéger en quelque manière que ce soit les hérétiques. Que si quelqu’un ose agir contre cette prohibition, nous voulons que son témoignage ne fasse plus de foi en justice, qu’il ne soit admis dans

  1. Chronique de Guillaume de Nangis, éd. de M. Guizot, p. 102.
  2. Chronique de Guillaume de Nangis, éd. de M. Guizot, p. 102.
  3. Ib., p. 89.