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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/76

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CHAPITRE XI.

L’inquision. Wiclef. Jean Huss.


Ce tribunal de l’inquisition, sur lequel l’indignation se concentre, ne fut qu’une forme plus savante d’une ancienne intolérance. Comme il eut des greffiers pour écrire les noms des victimes, et des auto-da-fé pour les brûler en cérémonie, il a laissé des souvenirs plus éclatants et plus vivaces que les persécutions antérieures. L’inquisition est encore aujourd’hui la personnification de l’intolérance, avec son double caractère de perfidie et de cruauté. Un inquisiteur, dans les souvenirs et dans les ressentiments de la foule, est à la fois un espion et un bourreau[1].

Espions, bourreaux, auto-da-fé, guerres civiles, voilà les mots qui reviennent sans cesse sous ma plume, tandis que je raconte à grands traits ce martyrologe de la pensée. Dieu me préserve de faire ici l’histoire de l’inquisition, de décrire ses cachots, d’étaler ses bûchers et ses instruments de torture ! Et Dieu me préserve aussi de faire de cette sinistre histoire un argument contre une doctrine ou contre

  1. La délation était dans l’esprit du temps. Un édit de Frédéric II portait que les enfants des hérétiques, jusqu’à la seconde génération, seraient privés de tous bénéfices temporels et de tous offices publics, à moins qu’ils ne se fissent dénonciateurs de leurs pères. Fleury, Hist. ecclés., t. XVI, p. 524.