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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/82

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« car de jour en jour, d’heure à autre, quelque peine, diligence et vigilance dont notre dit seigneur et père ait su user en cet endroit, où il a fait tout son possible, on a vu et voit continuer et croître les dites erreurs, peste si contagieuse, dit-il, et qui infecte jusqu’aux petits enfants, nourris et appâtés de ce venin. » Après avoir établi des parlements, des juges inférieurs et des évêques, il s’écrie ; « Cette matière est la cause de Dieu où chacun doit prêter l’épaule. » Il pense aux livres, qu’on avait trop peu entravés et brûlés. « Aucuns livres quels qu’ils soient ne seront apportés de Genève et autres lieux notoires séparés de l’union et obéissance du saint-siége, sur peine de confiscation de biens et punitions corporelles. » Défense est faite aux imprimeurs et libraires « d’imprimer, vendre, avoir en leur possession aucun livre mis au catalogue fait et à faire par la faculté de théologie des livres réprouvés. » Même les crieurs, après décès ou exécution judiciaire, ne devront point mettre en vente les livres de religion, sans les faire examiner auparavant par la faculté. Nul livre ne sera imprimé que dans une imprimerie connue et autorisée, sous le nom et la responsabilité du maître imprimeur ; les ballots de livres apportés de l’étranger ne seront ouverts qu’en présence des délégués de l’officialité ou de la faculté de théologie ; visite des imprimeries et des librairies sera faite à tout le moins deux fois l’an, et trois fois à Lyon, à cause du voisinage de Genève ; les images et gravures seront soumises à la même police que les livres ; le colportage (qu’il appelle l’industrie des porte-paniers) sera interdit. Tl prend même des précautions contre les libraires de la cour. L’index des livres proscrits sera affiché en lieux apparents, dans toutes les boutiques et officines. Les procureurs et les avocats généraux étendront leur inquisition jusque sur les magistrats et les courtisans, et nul ne sera promu désormais à aucune charge de judicature s’il ne justifie par bons et valables témoignages de la pureté de sa foi. Tous ceux qui aideront