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Page:Kahn - Le Roi fou, 1896.djvu/234

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une émeute d’origine cléricale, Margarete vit, impuissante, de son balcon, saisir par une foule en armes le roi Gerhardt sorti avec quelques hommes pour aller empêcher qu’on pendît, en face du palais, des conseillers d’impôt et d’exaction. Le populaire l’ayant empoigné, ses bras de colosse enserrés de dix mains, voulut qu’il assistât à la mort brève de ses conseillers, pour qui toute poulie était jugée bonne. Quant à lui, ils lui accordèrent les honneurs terribles de la mort militaire, et il tomba percé de balles, sous les feux d’un peloton d’exécution, devant le grand balcon du palais déjà envahi, où des émeutiers maintenaient afin qu’elle vît tout le spectacle la princesse Margarete. Et c’était le commandement sinistre de l’émeute, l’impersonnelle voix qui avait commandé aux outils de meurtre, que, depuis vingt ans, sa voix rugissait, ou modulait, enfantine ou furieuse.