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Page:Kahn - Le Roi fou, 1896.djvu/243

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le soin de rendre tangible, visible et épique, le fantomatique enfant politique de son songe d’à peu près. Les enfants de dix à douze ans, aussi ceux de plus de soixante-dix, se sont souvent complus à ces petites guerres imaginaires.

En face des grands rêves humains, mystiques ou civilisateurs, surnage, chez bien des esprits de foule, cette métempsycose usuelle des faits. Et tandis que les uns rêvent des poèmes, d’autres des machines, des cervelles, non clairsemées, sont hantées des trésors qu’on découvrait grâce à la baguette magique, des galions qui dorment épandant de leurs lianes crevassés des pyramides de lingots, des caves de château, où des rois vaincus oublièrent leurs caisses de guerre. Que de gens, des soirs otieux, ont dominé l’Europe, ou le monde, ou se sont enivrés sur la cime de la plus haute fortune, tandis que quelques-uns attendaient patiemment Méphistophélès dont le pouvoir ma-