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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/166

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Tes frères m’ont frappée sur le bord de la route,
ils ont fauché du glaive les pavots renacescents,
mon corps en croix, les plaies aux flancs
saigne à tous détours de la déroute,
dans les lances et les colères, plane la dévastation.

Chue l’étoile qui guidait vers les faubourgs de ma cité ;
morts mes cygnes, hélas ! mes voiliers blancs, fanés mes lacs ;
où furent mes forêts tangible à tes doigts l’opacité
le profil de ténèbre s’ensanglante de rouges entrelacs.

Pour les minutes des années
mon vœu halète à ta vraie voix.

Quand j’atteignis la crypte sévère de ta face,
mes lèvres s’affaissèrent aux pilastres de ton corps
et ce fut la halte amène et tout l’accord
sous les lampadaires d’argent de ta face.

Pour les minutes des années
mon cœur se clôt à toute vraie voix.

De ton char plaqué d’ivoire et turriculé de lys
pour qui la caresse brune de tes yeux larges.