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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/82

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IV

Chantonne lentement et très bas… mon cœur pleure…
Tristement, doucement, plaque l’accord mineur ;
Il fait froid, il pâlit quelque chose dans l’heure…
Un vague très blafard étreint l’âpre sonneur.
Arrête-toi… c’est bien… mais ta voix est si basse ?…
Trouves-tu pas qu’il sourd comme un épais sanglot ?
Chantonne lentement, dans les notes il passe
Vrillante, l’âcreté d’un malheur inéclos.

Encore ! la chanson s’alanguit… mon cœur pleure ;
Des noirs accumulés estompent les flambeaux.
Ce parfum trop puissant et douloureux qu’il meure
Chant si lourd à l’alcôve ainsi qu’en un tombeau.
D’où donc ce frisselis d’émoi qui me pénètre,
D’où très mesurément, ce rythme mou d’andante ?
Il circule là-bas, aux blancheurs des fenêtres,
De bougeuses moiteurs, des ailes succédantes.