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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/111

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— Dites-moi, fit le professeur d’un ton encourageant, de quoi parle-t-on dans ce livre ?

— Monsieur, dit le meilleur élève de la classe (il parlait la tête basse et visiblement à contrecœur), il s’agit d’une vierge.

— Oui, convint le professeur, mais je vous demanderais de me le dire avec des termes à vous. Nous ne disons pas « vierge », n’est-ce pas ? nous disons « jeune fille ». Oui, on y parle d’une jeune fille. Continuez.

— Une jeune fille, répéta le premier élève (cette substitution avait l’air d’augmenter son embarras) qui vivait dans une forêt.

— Quel genre de forêt ?

Le premier élève se mit à inspecter son encrier avec soin, puis regarda le plafond.

— Allons, insistait le professeur, s’impatientant, vous venez de lire pendant dix minutes une description de ce bois. Vous pourrez certainement me dire quelque chose à son sujet.

— Les arbres noueux, aux branches entrelacées, reprit le premier élève.

— Non ! non ! interrompit le professeur, je ne vous demande pas de réciter le poème. Je veux que vous me disiez, avec des mots de votre façon, quel était le genre de forêt où vivait cette jeune fille.

Et comme le professeur tapait du pied, le premier élève lança cette phrase avec vigueur :