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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/112

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— Monsieur, c’était une forêt comme les autres forêts.

— Dites-lui quel genre de forêt, dit le professeur, s’adressant au deuxième élève.

Le deuxième élève déclara que la forêt était verte.

Cela accrut l’énervement du professeur : il traita le deuxième élève d’imbécile, je ne vois du reste pas pourquoi, et passa au troisième, qui depuis un moment avait l’air d’être sur des charbons ardents et brandissait son bras droit comme un sémaphore détraqué. Il avait du mal à se contenir, l’émotion l’empourprait : il fallait que sa science fît irruption sur le champ, que le professeur le questionnât ou non.

— Une forêt sombre et obscure, s’écria le troisième, visiblement soulagé.

— Une forêt sombre et obscure, répéta le professeur, approuvant évidemment. Et pour quelle raison était-elle sombre et obscure ?

Le troisième se montra encore à la hauteur de la question,

— Parce que le soleil ne pouvait pas y pénétrer.

Le professeur eut la sensation d’avoir découvert le poète de la classe.

— Parce que le soleil ne pouvait pas y pénétrer, ou plutôt parce que les rayons du soleil ne pouvaient pas y pénétrer. Mais pourquoi n’y pouvaient-ils pas pénétrer ?