Aller au contenu

Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ker ouvert, la lady portait un manuel de conversation ; ils parlaient un allemand que personne ne pouvait comprendre et un français qu’eux-mêmes ils n’auraient pu traduire. Le monsieur touchait de son alpenstock les employés pour attirer leur attention, tandis que la dame se détournait violemment à la vue d’une affiche-réclame de cacao, en s’écriant : « Shocking ! »

Vraiment, elle était excusable. On remarque, même dans la chaste Angleterre, que, d’après l’auteur de l’affiche, une femme qui boit du cacao n’a que bien peu d’autres besoins terrestres : il lui suffit d’environ un mètre de mousseline. Sur le continent cette même femme, autant que j’ai pu en juger, est à l’abri de tous les autres besoins de la vie. Non seulement, selon le fabricant, le cacao doit tenir lieu d’aliments et de boisson, mais encore de vêture. Ceci dit entre parenthèses.

Naturellement ils devinrent le point de mire de tous les regards. Ayant eu l’occasion de leur rendre un léger service, j’eus l’avantage de cinq minutes de conversation avec eux. Ils furent très aimables. Le gentleman me déclara se nommer Jones, et venir de Manchester, mais il me parut ne savoir ni de quel quartier de Manchester il venait, ni où cette ville se trouvait. Je lui demandai où il allait, mais il me sembla l’ignorer. Il me dit que cela dépendait. Je lui demandai s’il ne trouvait pas l’alpenstock un objet encombrant pour se promener à travers une ville populeuse ; il admit qu’en effet l’al-