Aller au contenu

Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

penstock devenait parfois embarrassant. Je lui demandai si sa voilette ne le gênait pas pour voir. Mais il nous expliqua qu’il ne la baissait que lorsque les mouches devenaient gênantes. Je demandai à la miss si elle s’était aperçue de la fraîcheur du vent ; elle me dit qu’elle l’avait trouvé spécialement froid aux coins de rue. Je n’ai pas posé ces questions les unes après les autres, comme je l’ai relaté ici ; je les mêlais à la conversation générale, et nous nous séparâmes bons amis.

J’ai beaucoup réfléchi à cette apparition et suis arrivé à une conclusion bien définie. Un monsieur, que je rencontrai plus tard à Francfort et auquel je fis la description du couple, m’affirma l’avoir lui-même rencontré à Paris, trois semaines après l’affaire de Fachoda. Tandis qu’un voyageur de commerce pour quelque aciérie anglaise, que j’avais rencontré à Strasbourg, se rappelle les avoir vus à Berlin, au moment de la surexcitation causée par la question du Transvaal. J’en conclus que c’étaient des acteurs sans travail, engagés spécialement dans l’intérêt de la paix internationale. Le ministère français des Affaires Étrangères, désireux de faire tomber la colère de la populace parisienne qui réclamait la guerre avec l’Angleterre, embaucha ce couple admirable pour qu’il circulât dans la capitale. On ne peut pas à la fois rire et vouloir tuer. La nation française contempla ce spécimen de citoyen anglais, elle y vit non pas une caricature, mais une réalité palpable et son indignation