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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/173

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nous promenions de notre côté depuis une heure, George étant resté à l’hôtel pour écrire à sa tante), s’il n’a pas remarqué ces statues, eh bien, nous pourrons le rendre meilleur et plus svelte ; et cette bonne action nous la commettrons ce soir même.

Nous tâtâmes le terrain pendant le dîner et, voyant que George n’était pas au courant, nous l’emmenâmes à la promenade et le conduisîmes par des détours à l’endroit où se trouvait l’original de la statue. George ne voulait qu’y jeter un coup d’œil et poursuivre sa route, comme il fait d’habitude en pareil cas ; mais nous le contraignîmes à un examen plus consciencieux. Quatre fois nous lui fîmes faire le tour du monument ; il fallut qu’il le regardât sous toutes ses faces. Je suppose que notre insistance l’ennuyait ; mais nous voulions qu’il emportât de là une impression durable. Nous lui fîmes la biographie du cavalier, lui révélâmes le nom de l’artiste, lui indiquâmes le poids de la statue et sa hauteur. Nous saturâmes son cerveau de cette statue. Et lors que nous lui rendîmes enfin sa liberté, ses connaissances sur la statue l’emportaient sur tout le reste de son savoir. Nous l’obsédâmes de cette statue et ne le lâchâmes qu’à la condition que nous y reviendrions le lendemain matin pour la mieux voir à la faveur d’un meilleur éclairage ; nous insistâmes pour qu’il en notât sur son carnet l’emplacement.

Puis nous l’accompagnâmes à sa brasserie favorite, et là lui contâmes l’histoire de gens qui