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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/176

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George, je veux parler de cette statue-ci, en face de nous.

— Quelle statue ? s’étonna Harris.

George regarda Harris, mais Harris est un homme qui, avec un peu d’entraînement, eût fait un excellent acteur. Sa figure n’exprimait que de l’anxiété, mélangée d’une tristesse amicale. Puis George tourna son regard vers moi. Je m’efforçai de copier la physionomie de Harris, y ajoutant de mon propre chef une légère pointe de reproche.

— Faut-il vous chercher une voiture ? dis-je à George de ma voix la plus compatissante, j’y vole.

— Que diable voulez-vous que je fasse d’une voiture, répondit-il vexé, on dirait que vous êtes incapable de comprendre une plaisanterie ! c’est comme si l’on sortait avec une paire de sacrées vieilles femmes.

Ce disant, il se mit à traverser le pont, nous laissant derrière lui.

— Je suis bien heureux de voir que vous nous faisiez une farce, dit Harris, quand nous le rejoignîmes. J’ai connu un cas de ramollissement cérébral qui commença…

— Vous êtes un fieffé crétin ! dit George, coupant court ; vous savez trop d’histoires.

Il devenait tout à fait désagréable.

Nous l’amenâmes vers le théâtre, en passant par les quais. Nous lui dîmes que c’était le chemin le plus court, ce qui, du reste, était la vérité. C’était là, dans l’espace vide derrière le théâtre, que se