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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/178

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meilleure des trois, la plus ressemblante et la plus décevante. Elle se découpait vigoureusement sur le ciel obscur ; le cheval sur ses pattes de derrière, avec sa queue drôlement raccourcie, l’homme, tête nue, son chapeau à plumes tendu vers la lune.

— Je crois, si vous n’y voyez pas d’inconvénient et si vous pouvez m’en trouver une, que je prendrais bien une voiture, dit George. (Il parlait sur un ton pathétique ; son ton agressif l’avait complètement quitté.)

— Je constatais que vous aviez l’air tout chose, dit Harris avec compassion, c’est la tête qui ne va pas, hein ?

— Peut-être bien.

— Je m’en étais aperçu, affirma Harris, mais je n’osais pas vous en parler. Vous vous imaginez voir des choses, n’est-ce pas ?

— Oh ? non ce n’est pas cela, répliqua George un peu vivement. Je ne sais pas ce que j’ai !

— Je le sais, dit Harris avec solennité, et je m’en vais vous le dire. C’est cette bière allemande, que vous buvez. J’ai connu un homme…

— Ne me racontez pas son histoire en ce moment, dit George. C’est une histoire vraie, je n’en doute pas, mais je n’ai pas très envie de la connaître.

— Vous n’y êtes pas habitué, ajouta Harris.

— Je vais certainement y renoncer à partir de ce soir, dit George. Il me semble que vous avez raison ; je ne dois pas bien la supporter.