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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/179

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Nous le ramenâmes à l’hôtel et le couchâmes. Il était très petit garçon et plein de reconnaissance.

Quelques jours plus tard, un soir, après une grande excursion suivie d’un excellent dîner, ayant enlevé tous les objets à sa portée, nous lui offrîmes un gros cigare et lui racontâmes le stratagème que nous avions combiné pour son bien.

— Combien, dites-vous, avons-nous vu de reproductions de cette statue ? demanda George, quand nous eûmes terminé.

— Trois, répliqua Harris.

— Que trois ? dit George. En êtes-vous sûr ?

— Positivement, affirma Harris. Pourquoi ?

— Oh ! pour rien, répliqua George.

Mais j’eus l’impression qu’il ne crut pas Harris.


De Prague nous nous rendîmes à Nuremberg par Carlsbad. Les bons Allemands, quand ils meurent, vont, dit-on, à Carlsbad, comme les bons Américains vont à Paris. J’en doute : l’endroit serait trop exigu pour tant de gens. On se lève à cinq heures à Carlsbad, c’est l’heure de la promenade des élégants ; l’orchestre joue sous la Colonnade, et le Sprudel se remplit d’une foule dense qui va et vient de six à huit heures du matin dans un espace d’une lieue et demie. On y entend plus de langues qu’à Babel. Vous y rencontrez juifs polonais et princes russes, mandarins chinois et pachas turcs, Norvégiens issus d’un drame d’Ibsen, femmes des Boulevards, grands d’Espagne et comtesses