Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/182

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qu’on soit forcé de se déranger de son chemin : une galerie de tableaux d’importance moyenne, un modeste musée d’antiquités, un demi-palais ; avec cela vous avez tout vu et êtes libre d’aller vous distraire autrement. Harris ignorait que c’était un gardien qu’il insultait. Il l’avait pris pour un pompier (cet homme en avait l’air) et il l’appela « dummer Esel ».

Vous n’avez pas le droit en Allemagne de traiter un gardien municipal d’« âne bâté », mais cet homme en était un, indubitablement. Voici ce qui s’était passé. Harris, se trouvant dans le Stadtgarten et désirant le quitter, franchit une grille qu’il voyait ouverte, enjamba un fil de fer et se trouva dans la rue. Harris prétend ne pas avoir vu un écriteau sur lequel on pouvait lire : « Passage interdit », mais il y en avait un sans aucun doute. L’homme aposté là arrêta Harris et lui fit remarquer cet écriteau. Harris l’en remercia et poursuivit son chemin. L’homme courut après lui et lui fit comprendre qu’on ne pouvait pas se permettre en pareille occurrence tant de désinvolture ; il voulait que Harris rebroussât chemin et, repassant par dessus le fil de fer, rentrât dans le jardin, ce qui arrangerait tout. Harris expliqua à l’homme que l’écriteau défendait de passer et qu’il allait donc, en rentrant dans le jardin, enfreindre une seconde fois la loi. L’homme en convint et, pour résoudre la difficulté, il enjoignit à Harris de rentrer dans le jardin par l’entrée principale, qui se trouvait au