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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/251

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et, avant que nous eussions fait un quart d’heure de marche, le dilemme se posa : trouver un abri, ou passer le reste de la journée dans des vêtements trempés. Nous nous décidâmes pour l’abri et choisîmes un arbre qui, dans des circonstances ordinaires, aurait constitué une protection efficace. Mais un orage dans la forêt Noire n’est pas chose ordinaire. Nous commençâmes par nous expliquer l’un à l’autre, pour nous consoler, qu’un orage aussi violent ne durerait pas. Puis nous essayâmes de nous réconforter en pensant que s’il durait nous serions assez vite trop mouillés pour craindre de l’être davantage.

— D’après la tournure que prennent les événements, dit Harris, il aurait, ma foi, mieux valu qu’il y eût un restaurant là-haut.

— Je ne vois pas l’avantage, dit George, d’être à la fois mouillé et affamé. J’attends encore cinq minutes, et je poursuis ma route.

— Ces solitudes montagneuses, remarquai-je, ont beaucoup de charme quand il fait beau. Les jours de pluie, surtout si vous n’avez plus l’âge de…

À ce moment un gros homme nous appela. Il se tenait à une cinquantaine de mètres, abrité sous un vaste parapluie.

— Ne voulez-vous pas entrer ? proposait le gros homme.

— Entrer où ? criai-je. (Je le pris d’abord pour un de ces imbéciles qui essaient de rire là où il n’y a rien de risible.)