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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/260

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tence était la nécessité uniforme de payer chèrement le privilège d’être ce qu’il était pour le moment. Mais quand on se met à réfléchir à ce sujet, on s’étonne qu’au moyen âge les hommes, sauf les rois et les percepteurs d’impôts, se soient donné la peine de vivre.

On ne saurait comparer les Vosges aux monts de la forêt Noire, quant à la beauté et à la variété. Pour le touriste, elles ont pourtant sur eux une supériorité : leur pauvreté plus grande. Le paysan des Vosges n’a pas cet air peu poétique de prospérité satisfaite qui gâte son vis-à-vis de l’autre côté du Rhin. Les fermes et les villages possèdent à un plus haut point le charme des choses vétustes. Un autre intérêt que présentent les Vosges est ses ruines. Beaucoup de ses nombreux châteaux sont perchés à des endroits où l’on aurait pu croire que seuls les aigles aimeraient construire leurs nids. D’autres, ayant été commencés par les Romains et achevés par les Troubadours, ne présentent plus maintenant qu’un dédale de murs restés debout, couvrant de larges espaces et où l’on peut flâner pendant des heures.

Le fruitier et le marchand de primeurs sont des personnages inconnus dans les Vosges. Presque toutes les denrées qu’ils vendraient y poussent à l’état sauvage et le seul effort à faire pour les acquérir est de les cueillir. Il est difficile quand on traverse les Vosges de suivre à la lettre un programme, car la tentation de s’arrêter par une