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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/278

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tants. Je suis sûr que l’impression des spectateurs ne peut être que mauvaise. Je me connais assez pour savoir que je ne suis pas d’un tempérament extraordinairement sanguinaire. L’effet qu’elle a donc eu sur moi doit être celui qu’elle produit sur la plupart des mortels. La première fois, avant que le spectacle ne commençât véritablement, j’étais curieux de savoir comment j’allais en être affecté, quoique une certaine habitude des salles de dissection et des tables d’opération m’eût déjà un peu aguerri. Lorsque le sang commença à couler, les muscles et les nerfs à être mis à nu, je pus analyser en moi un mélange de dégoût et de pitié. Mais je dois avouer qu’au deuxième duel, ces sentiments raffinés tendirent à disparaître et que le troisième étant en bonne voie, et l’odeur spéciale et chaude du sang alourdissant l’atmosphère, je commençai à voir rouge.

J’en voulais encore. J’examinai les visages des autres assistants, et j’y vis réfléchies d’une manière évidente mes propres sensations. Si le fait d’exciter l’appétit du sang chez l’homme moderne est une bonne chose, je dirai alors que la Mensur est utile. Mais en est-il ainsi ? Nous nous enorgueillissons de notre civilisation et de notre humanité, mais ceux qui ne sont pas assez hypocrites pour se tromper eux-mêmes savent que sous nos chemises empesées se cache le sauvage avec tous ses instincts. Il se peut qu’on désire parfois sa résurrection, mais jamais on n’aura à craindre sa disparition totale.