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Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/11

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dire que l’on parle ainsis à la court»; et il trouve que ses labeurs et ceux de Meigret et de Dolet «seroient … autant inutiles que si nous auions basti sur le sable: quand nous ne voudrons autrement establir et confirmer nostre langue, qu’à l’appetit des courtisans: veu leur estrange et evariable mutation: ioint que la court est vn monstre de plusieurs testes, et consequemment de plusieurs langues, et plusieurs voix», observation juste et bien fondée. R. Estienne (1549) est d’avis que «le langage s’escrit et se prononce en plus grande pureté» aux cours de France «tant du Roy que de son Parlement à Paris, aussi sa Chancellerie et Chambre des comptes», et Matthieu, en 1559, s’exprime à peu près de même.

Sous Catherine de Médicis, l’usage de la cour perd de son prestige. Ronsard (1565) ne méprisait même pas les patois et recommandait l’emploi de mots «gascnos, poiteuins, normans, manceaux, lyonnois, ou d’autre païs» pourvu qu’ils fussent bons et qu’ils signifiassent ce qu’on voulait dire, «sans affecter par trop le parler de la cour, lequel est quelques fois très-mauuais, pour estre langage de damoiselles, et ieunes gentils-hommes qui font plus profession de bien combattre que de bien parler». H. Estienne (1582) déclare: «De dix courtisans (en exceptant ceux qui ont quelques lettres) vous n’y en orriez pas huict parler vint mots (de ceux qui ne sont pas des plus ordinaires et vulgaires) sains et entiers, et sans aucune deprauation». On voit precer l’orgueil du savant qui, dans son domaine, ne veut reconnaître d’autre autorité que la sienne ou celle de ses confrères. C’est pour la même raison qu’il donne au parlement la prééminence sur la cour: «Si le meilleur français se parle encore à Paris … c’est parce que Paris possède la cour dite de Parlement, où les licences de